Brutalisme en Web Design : Rupture ou Révélation?

Le brutalisme, un style de design architectural né dans les années 1950, était célèbre pour son approche sans compromis en affichant les matériaux de construction ‘bruts’. Cette approche a toujours été sujet à interprétations, souvent controversée et maintenant relancée dans un nouvel espace : le web. Lorsqu’un développeur a présenté une version brutaliste de Hacker News en utilisant des éléments esthétiques comme le cyberpunk et l’art glitch, cela n’a pas manqué de susciter des critiques virulentes sur l’usage, sinon l’abus, du terme ‘brutalisme’.

Dans le monde du design architectural, le brutalisme se manifeste par des formes géométriques simples, des surfaces inachevées et une massivité qui peut sembler austère voir oppressive. Transposer ces principes dans le domaine du design web crée inévitablement des frictions et des divergences d’opinions. En effet, un site web, contrairement à un bâtiment, n’est pas constitué de béton ou d’acier mais de code et d’interfaces graphiques que l’on peut sculpter à l’infini.

L’initiative récente consistant à associer brutalisme et web, souhaitant repousser les limites de l’esthétique web minimale et fonctionnelle, a été critiquée pour ne pas être fidèle aux principes originaux du brutalisme. Certains puristes du design soutiennent que cette adaptation manque de la rigueur et de la fonctionnalité brute qui caractérisent le brutalisme dans l’architecture. Par exemple, l’utilisation de couleurs vives et de motifs glitch dans le design prétendument brutaliste s’écarte de l’esthétique minimaliste et utilitaire du brutalisme.

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Il semble que la principale source de divergence réside dans la perception du terme ‘brutalisme’. Historiquement lié à des connotations de bare et brut (du français ‘béton brut’), le terme est devenu symbolique de tout design qui est brut, non poli. Cependant, l’application de cette philosophie à des projets de design numérique pose la question de la pertinence de tels labels quand les fondements originaux ne peuvent être littéralement appliqués.

Certains designers insistent sur le fait qu’il est possible d’incarner l’esprit du brutalisme dans le web design en se concentrant sur des systèmes de design très structurés et en minimisant les éléments décoratifs. Ainsi, un design web brutaliste pourrait être intuitif, powerfully functional, sans éléments superflus qui détourneraient de sa fonction principale. Pourtant, cette perspective est souvent en contradiction avec des pratiques modernes qui valorisent les animations et les embellissements visuels qui attirent l’attention des utilisateurs.

Finalement, ce débat sur le ‘nouveau brutalisme’ dans le domaine du web soulève une question plus large sur l’évolution des termes artistiques et leur adaptabilité à de nouveaux médias. Comme la langue elle-même, les termes artistiques évoluent avec le temps. Peut-être que plutôt que de défendre une définition orthodoxe du brutalisme, il serait plus productif de reconnaître la fluidité des interprétations artistiques, qui, comme le brutalisme, peuvent être parfois brutales dans leur manifestation.


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